Ames rebelles, dépasser les frontières de votre société !
« Ton rêve est plus grand que toi ! »
On me l’a dit à moi, à maintes reprises même, et je suis sûre que beaucoup d’entre vous l’on déjà entendu également, ou peut-être même vécu, car des fois, ce n’est pas des mots mais des actions qui le disent, ne rêves pas trop, tu n’as pas ce droit. Ça peut être une manière douce de te dire aussi que tu n’as pas ce qu’il faut pour y arriver ou que malheureusement tu es né dans le mauvais endroit sur terre pour le faire.
Connaissez-vous cette fille, qui depuis son tendre âge, voulait présider tous ce qui pouvait l’être, sa classe au collège, le club de débat au lycée, l’association caritative de sa fac. Elle organisait souvent des évènements pour dénoncer l’injustice que certains subissaient, que des tranches de sa société subissaient. Elle avait une opinion concernant tout et n’hésitait pas à la partager, et petit à petit, c’est vers la politique qu’elle a voulu s’orienter, elle remarquait que son pays pouvait changer, qu’il avait tout le potentiel pour le faire, et elle voulait devenir l’une des étincelles qui l’allumerait. Mais voilà, en en parlant autour d’elle, elle se sentit attaquer … Tu es une femme, ce milieu n’est pas fait pour toi, ou encore, la politique dans ton pays c’est dangereux, tu es ambitieuse maintenant, fidèle à tes convictions, mais ça va bientôt changer, tu seras corrompu et puis tu es intelligente, étudis quelque chose qui t’assurera une belle carrière et un revenu stable. La jeune fille ambitieuse au fond d’elle fut assassinée par toute une société qui avait besoin d’une autre femme médecin plutôt qu’une penseuse, une âme rebelle, différente, dont l’innocence croyait en le changement d’une société traditionnelle qui ne cessait de trainer volontairement ses propres chaines.
Connaissez-vous aussi ce garçon, celui qui s’habillait d’une manière étrange, tout en noir avec des bracelets bizarres, on racontait qu’il était gotique. Il était tout le temps seul dans son coin, à griffonner sur son carnet, c’était le chouchou du prof de dessin, ses dessins ne pouvaient vous laisser indifférents. Je l’ai croisé le mois dernier, et bizarrement on a discuté, il était vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon, il est devenu avocat. C’est bizarre, je l’ai toujours imaginé en peintre exposant ses œuvres dans les plus prestigieuses galeries du monde, pourquoi pas lui ? Quelqu’un de votre pays, de votre ville, ayant assisté aux mêmes cours que vous autrefois. Nous sommes fascinants nous les êtres humains, le succès des autres nous encouragent souvent à pourchasser le nôtre. Il m’a avoué qu’après avoir eu son bac, tout le monde l’a convaincu de la folie qu’il s’apprêtait à faire, étudier les beaux-arts ?! Tu as eu ton bac pour aller faire les beaux-arts ?! Mon enfant, tu ne connais rien de la vie, va faire du droit ! Tu auras un bel avenir. Tu ne vas pas tout de même passer ta vie à peindre des arbres et des animaux ! C’était donc ça le dessin pour eux, ces briseurs de rêves et assassins d’âmes, au cœur aimant et bienveillant pourtant. Le garçon qui dans son adolescence excellait dans le dessin devait à présent excellait dans l’art de convaincre les gens, parler pour ceux qui ne pouvaient parler, lui qui parlait autrefois par le biais de ses couleurs.
Et puis, il y’a mon amie, ma chère amie qui rêvait d’étoiles durant nos années au lycée. Elle fit tout de même le choix d’étudier l’informatique, en dépit de son attirance pour la physique et l’astronomie, parce que comme tout le monde, sa société à elle l’avait convaincue qu’il n’y avait rien à faire avec dans son pays, et qu’une carrière d’ingénieur en informatique était ce qu’il y avait de plus sûre. Elle a réussi, elle a décroché son diplôme d’ingénieure et elle se prépare à présent pour entamer un nouveau chapitre dans sa vie, des études en physique. Désormais, rien ni personne ne pourra la convaincre du contraire. Il faut souvent faire de mauvais choix pour réaliser à quel point nous tenons aux bons choix.
Beaucoup d’entre nous, ont voulu des choses que tout le monde autour d’eux semblaient interdire. Il n’y a qu’à voir nos pauvres bacheliers et le genre d’influence qu’ils reçoivent après avoir eu leur bac. Beaucoup d’entre nous, ont eu des rêves hors normes, des rêves différents, que d’habitude les gens de leur âge n’ont pas, ou ne comprennent pas l’intérêt de les avoir, allons-nous les rejeter ? allons-nous les condamner à cause de leur différence, de leur authenticité, de leur courage ? allons-nous conditionner tout le monde pour avoir les mêmes objectifs, les mêmes ambitions, les mêmes attentes de la vie ? allons-nous créer une société ennuyeuse, qui ne veut que manger, travailler et dormir sans rêver ? Le changement d’une société dépend de la variété d’individus qui la compose. Si nous voulons changer la nôtre, il nous faut être ouverts envers nos individus. Et même si certains rêves n’ont pas leur place dans notre pays, il n’y a aucun mal à encourager le premier à le faire, aucun mal à l’encourager pour quitter ce pays afin de le faire et revenir pour le rendre accessible à ceux qui un jour rêveront de le faire. Il y aura des barrières, des obstacles, beaucoup même, mais voyez cela comme une révolution, une rébellion. Qui aurait cru qu’en 1962, l’armée Française aurait été battu par le peuple Algérien, nous sommes capables de mener le changement tout comme nos aïeux !
Une belle vie n’est pas la vie où vous aurez le meilleur des salaires, la meilleure des situations financière, une belle vie est une vie ou vous vous réveillerez tous les matins pour faire quelque chose que vous aimez, ou du moins c’est ma définition à moi, car un jour, vous pourrez très bien réaliser que votre vie est le rêve de quelqu’un d’autre et non le vôtre. N’ayez pas peur de dépasser les frontières de votre société, d’avoir des rêves différents et plus grands que vous, les plus belles histoires naissent souvent de ces derniers.
Auteur : Faiza N